La région du Sahel s’étend entre les 13ème et 15ème parallèles de latitude Nord et comprend les provinces de l’Oudalan, du Seno, du Soum et de celle du Yagha pour une superficie d’environ 35 000 km². Les Chefs-lieux de ces provinces sont respectivement Gorom-Gorom, Dori, Djibo et Sebba.
Le paysage géomorphologique et altimétrique est un assemblage de grandes plaines et de zones dunaires coupées par des buttes et des glacis, traversées par des régions basses constituées de cuvettes inter dunaires, de chapelets de mares, de bas-fonds et de vallées.
Selon le recensement général de la population du Burkina en 2006, la région du Sahel comptait 903 084 habitants (Source INSD).Pour l’année 2018, la population régionale est estimée à 1 395 109 habitants. Cette population atteindrait 1 481 543 personnes en 2020.
Le climat du Sahel est de type Sahara-Sahélien et/ou Sahélien et Soudano Sahélien plus au Sud. Elle enregistre annuellement une pluviométrie inférieure à 600 mm et caractérisée par l’alternance de deux saisons très contrastées : Une saison sèche, puis une saison de pluie de courte durée(3 à 4 mois) avec une variabilité dans la répartition des précipitations, une forte évapotranspiration (avoisinant les 3 mètres) et d’importantes variations de températures journalières et annuelles.
Les ressources en eau disponibles au Sahel sont limitées et souvent difficiles à exploiter. Depuis les années 1970, la région connait une sécheresse chronique dont les années les plus caractéristiques ont été 1972-1974 et 1983-1984.
La sécheresse et la rapide croissance de cette population ont eu pour corolaires une sollicitation très accrue des ressources en eau.
En comparant les quantités d’eau annuelles disponibles (eau de surface et eau souterraine) et les quantités d’eau exploitées, on constate que ces dernières ne représentent qu’une fraction des ressources disponibles au Sahel. Pourtant la non disponibilité de l’eau demeure un obstacle majeur au développement socio-économique de l’espace sahélien. Plusieurs contraintes naturelles en sont à l’origine :
- Période d’écoulement limitée des cours d’eau et rivières qui va nécessiter des ouvrages de stockage d’eau ;
- Conditions défavorables à la réalisation des barrages (Topographie peu encaissée et pertes par évaporation très élevée) ;
- Production (infiltration) peu élevée des systèmes aquifères dans l’espace sahélien sauf dans les bas-fonds à sols assez perméables.
La dégradation rapide du milieu naturel intervient négativement sur ces contraintes : Elle réduit encore la disponibilité des ressources en eau en augmentant les ruissellements et en réduisant les infiltrations.
Systèmes aquifères de la région
La plupart des cours d’eau et autres rivières au Sahel ont un caractère temporaire. Les écoulements s’effectuent durant les mois de Juin, Juillet, Aout et Septembre. Pendant le reste du temps de l’année, les écoulements sont faibles voir nuls. Les cours d’eau que draine la région sont tous des sous affluents du Fleuve Niger. Les plus importants sont du Nord au Sud le Béli, le Gorouol, le Goudébo, le Yali, la Faga et la Sirba.
Dans son analyse de la pluviométrie du Burkina Faso, Albergel (1986) signale que les précipitations moyennes annuelles subissent une forte variation dans le temps. En effet l’isohyète 500 mm située au Nord de la frontière Malo-Burkinabé pour la période 1950-1960 est descendue à la latitude de Ouahigouya pour la période 1970-1980 et la même isohyète 500 mm relative aux années 1983-1984 atteint pratiquement la latitude de Ouagadougou. C’est ainsi qu’à Dori, on a enregistré des précipitations moyennes inter annuelles de 539,9 mm pour la période 1962-1973 et 433,7 mm pour la période 1974 – 1985.
Sur la base de leurs comportements hydrogéologique nettement différents on peut distinguer deux grandes unités hydrogéologiques :
- La zone de socle comprenant des roches d’âge birrimien et antébirrimien, de roches cristallines et métamorphiques ;
- La zone du sédimentaire comprenant des roches d’âges précambrien A récent, roches dites sédimentaires et d’une métamorphose faible ou nulle.
Dans la zone de socle on distingue en principe trois systèmes aquifères superposés, qui sont :
- Les aquifères du milieu fissuré,
- Les aquifères de la zone altérée,
- Les aquifères des latérites.
Généralement les aquifères des altérites sont en contact hydraulique avec les aquifères bicouches de la zone altérée surtout captive et le milieu fissuré qui est conducteur. La zone altérée peut être décrite comme un milieu à porosité d’interstices. Le milieu fissuré sous-jacent, par contre est hétérogène et ses caractéristiques hydrogéologiques sont mieux déterminées par la densité, la géométrie et la connexion des fissures.
Dans les latérites posées sur un substratum d’argiles imperméables d’altérations, on trouve parfois des aquifères superficiels perchés. Dans la plupart des cas, ces nappes ont un caractère temporaire et local et ne présentent pas un grand intérêt pour les projets d’AEP à grande échelle.
On distingue en milieu sédimentaire la même superposition des niveaux aquifères que dans le milieu de socle, les couches sont :
- La roche dure,
- La zone altérée,
- Les altérites.
La roche dure présente des caractères très diverses dans le bassin sédimentaire.
La fracturation des grès dans la zone sédimentaire peut atteindre une profondeur de 100 à 200 m selon les forages profonds.
L’épaisseur des aquifères de grès est le plus souvent plus grande que celle du socle cristallin, une certaine porosité d’interstice peut améliorer considérablement le réservoir (grès de galet de quartz par exemple).
Les formations schisteuses constituent de très mauvais aquifères dans la zone sédimentaire.
Les formations calco-dolomitiques peuvent avoir des transmissivités très élevées.
Les aquifères de latérites peuvent avoir une importance locale. Dans les gravillons et les argiles imperméables d’altération, on trouve parfois des aquifères superficiels perchés. Ces aquifères se développent surtout sur les plateaux cuirassés avec pour roche mère de l’argile.
Evolutions des ressources en eau souterraine dans le temps
Les fluctuations naturelles du niveau de la nappe montrent un processus annuel d’alimentation (recharge des nappes par infiltration) et de vidange (décharge des nappes par exploitation de l’homme, l’évapotranspiration et par écoulement régional ou sous régional) avec toujours un pic maximum vers septembre –octobre.
La pluviométrie (hauteur et répartition des pluies) constitue un facteur déterminant, ainsi que des facteurs comme la nature et l’épaisseur des altérations, la position géomorphologiques et aussi la profondeur de la nappe.
Les variations interannuelles des ressources en eau dans le temps sont déterminées par deux facteurs principaux :
- La sécheresse,
- La dégradation de l’environnement.
Pour la pluviométrie on a observé les phénomènes suivants :
- De 1950 à 1968, des années successives largement excédentaires,
- Cependant depuis 1969, on constate une tendance générale vers un régime climatique déficitaire. Des mesures piézométriques effectuées par le CIEH depuis 1978 montrent très clairement une baisse du niveau des nappes d’environ 5 m/an (fluctuation).
Cette diminution de la pluviosité annuelle a une forte influence négative aussi bien sur l’hydrogéologie des grands bassins, sur les débits des rivières que sur l’alimentation des nappes ou la recharge du stock hydrique des sols.
Cette baisse saisonnière du niveau des nappes (environ 5 m/an) a pour conséquences que les points d’eau tarissent rapidement et que le monde rural est amener à faire recours à la réalisation des ouvrages plus profonds (forages) que les puits traditionnels d’en temps pour la satisfaction de leur besoin crucial d’eau potable.
La dégradation de l’environnement a une influence sur les ressources en eau.
La plus grande partie de la région (56%) constitue en roches granitiques altérées sur une épaisseur variable. Deux tiers de ces roches sont recouvertes de sols halomorphes et sables dunaires, un tiers est recouvert de sols ferrugineux à différents stades de dégradation.
En deuxième place par l’importance (15%), on trouve les roches schisteuses recouvertes de sables dunaires ou de sols vertiques.
La zone sédimentaire (13%) occupe la troisième place en termes d’étendue.
Les parties Nord et Est de la région se caractérisent par un niveau d’eau qui se trouve dans la roche dure, qui a pour conséquence que les réserves en eau souterraine y sont relativement faibles et que la probabilité de l’existence des nappes compartimentés ou discontinues est relativement élevée.
Du point de vue potentialités des ressources en eau souterraine, la région du Sahel est très défavorisée. Les potentialités y sont mauvaises et médiocres, c’est pourquoi il faut mettre beaucoup de sérieux dans les implantations géophysiques.
La recharge des nappes est faible à cause de la faible pluviométrie. Cependant, dans la zone du sédimentaire, on trouve des forages à gros débit tel le Forage Christine dont la nappe fourni des débits supérieur à 100 m3/h.
Les points suivants explicitent les caractéristiques des nappes aquifères dans les quatre provinces qui composent la région :
Province de l’Oudalan
L’hydrogéologie dans cette province se caractérise par des nappes ou l’eau est enfermée dans la roche dure c'est-à-dire de moyennes profondeurs. L’épaisseur moyenne de l’altération est autour 10,4 m tous faciès confondus. le département de Déou représente la seule exception là-bas le niveau d’eau se trouve à la base des altérations. La recharge des nappes est faible, les potentialités d’exploitation sont mauvaises et médiocres. Malgré cela les réserves en eau totales sont très bonnes dans la bande sédimentaire plus au Nord dans les commune de Déou et Tin Akoff, il s’agit d’une zone de grandes cavités ou poches d’eau souterraine étendue sur des kilomètres.
Le taux de succès des forages est en moyenne de 52,3% dans cette zone.
Province du Seno
Cette province se caractérise par épaisseurs d’altérations qui sont en moyenne de 10,9 mtous faciès confondus et des niveaux statiques de 1,6 à 70,9 m, soit en moyenne 23,4m. Le niveau des nappes phréatiques se trouve dans la roche dure, ce qui indique que les réserves sont faibles et que souvent les nappes sont discontinues.
Le taux de succès des forages est en moyenne de 56,5% dans cette zone.
Province du Yagha
Les épaisseurs d’altération sont autour de 15,3 mtous faciès confondus. La recharge des nappes est faible dans cette province Les potentialités d’exploitation sont mauvaises à acceptables.
Le taux de succès des forages est en moyenne de 70% dans cette zone.
Province du Soum
La province du Soum se caractérise par des niveaux statiques qui varient considérablement suivant les communes. Selon les données capitalisées pendant la mise en œuvre du projet de réalisation de 1100 forages de la BAD dans la région du sahel en 2015 ; les extrêmes vont d’un niveau minimum de 6,5 m (dans la commune de Baraboulé au niveau le village de Windépoli) à 60m (à Arbinda dans le village de Belgou). Les épaisseurs d’altération sont en moyenne autour de 12,1 mtous faciès confondus.
Malgré les valeurs mentionnées ci-dessus, le niveau statique moyen ne se trouve pas dans la roche dure ; mais dans les zones d’altération. En moyenne le niveau d’eau souterraine se trouve à une profondeur de 24 m.
La partie sud de la province (Tongomayel) a des réserves en eau souterraine faibles ; mais plus au Nord (dans la zone sédimentaire, département de Nassoumbou, Koutougou) ces réserves sont appréciables.
La recharge des nappes est faible et les potentialités d’exploitation sont mauvaises à médiocres.
Le taux de succès des forages est en moyenne de 56,4% dans cette zone.
Situation des infrastructures hydrauliques
L’expérience obtenue avec les forages dans la région montre que les ressources renouvelables sont suffisantes pour supporter une exploitation des nappes par le pompage motorisé ou manuel. Dans ce cas, le débit exploité est supérieur et égal à 0,7m3/h, ce qui donne un volume pompé de 5 – 50 m3/j pour une durée de pompage moyenne de 8 -10 heures. Quelques cas de pompages utilisant des stations solaires existent dans la région.
La région possède 5 centre ONEA fonctionnels : Arbinda ; Djibo, Dori, Gorom-Gorom et Sebba qui vient d’être créé.
Le centre d’Arbinda est fonctionnel depuis mars 1998 et ne rencontre aucun problème de ressources en eau ; l’exploitation journalière demeurent faible.
Le centre de Djibo est fonctionnel depuis juin 1988. Il connait des pénuries dans la période chaude due à une insuffisance de la ressource en eau. Le volume pompé journellement varie entre 100 et 240m3/j.
Le centre de Dori est fonctionnel depuis 1959. On constate une nette dégradation des débits d’exploitation de certains forages. L’exploitation journalière est de 600m3/j et peut aller jusqu’à 800m3/j en saison sèche. La station de pompage de Yakouta peut fournir jusqu'à 1750 m3/j.
Le centre de Gorom-Gorom est fonctionnel depuis 1992, il est confronté à la mauvaise qualité des eaux captées (excès de carbonates de calcaire dans certains forages) et celui de Sebba vient d’être opérationnel en 2015.
Au 31 décembre 2018 la région du Sahel compte une population totale de 1 243 473 habitants et contre une population desservie en eau potable de 708 035 habitants. Le taux d’accès calculé est de 56,9% en 2018.
La gestion des points est assurée dans chaque village par la mise en place des Associations des usagers de l’eau(AUE).
Le taux de fonctionnalité des PMH est évaluée à 87,4% et pour les AEPS/PEA de 84.0%.
En dehors des points d’eau modernes, de nombreux puits traditionnels et puisards existent dont la plupart tarissent en saison sèche. Les points traditionnels contribuent de façon significative à l’abreuvement du bétail dans la région.
L’expérience montre que les zones défavorisées à la réalisation de puits traditionnels et puisards sont celles où le niveau statique moyen est à plus de 20m de profondeur ; soit le niveau moyen se trouve dans la roche dure.
La quantité consommée par les bovins est fournie pour la plus grande partie par les eaux de surface (mares, lacs, barrages et boulis).
La consommation des bovins provenant des eaux souterraines est estimée à 20% de la consommation totale. Ainsi on peut retenir environ 14 000m3/j comme quantité d’eau souterraine consommée par le bétail ; ce qui équivaut à environ 10% de la consommation humaine.
Les autres consommations d’eau souterraine sont très difficiles à apprécier. Il s’agit des cultures maraichères, des fosses fumières et des petites industries (orpaillage, artisanat).
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
Carte hydrogéologique du Burkina Faso – Echelle : 1/500 000 (feuilles de Dori, Fada N’Gourma et Ouagadougou, avec notes explicatives) – Ministère de l’Eau (Burkina Faso), IWACO (Pays-Bas) – Septembre 1993
Carte géologique et minière du Burkina Faso à l’échelle 1/1000 000, avec note explicative – Ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie (Burkina Faso), BRGM – Edition 2003 ;
Ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique : Projet d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Assainissement en milieu rural dans les régions des Cascades, du Centre-Ouest, du Centre-Sud et du Sahel (Burkina Faso) – Rapport final de la surveillance et du contrôle des travaux – Octobre 2013 ;
Résultats de 400 forages de CFD, 1994
Résultats des prolongations de 70 forages de CFD, 1995
Etats des lieux des ressources en eau du Burkina Faso et de leur cadre de gestion, mai 2001